IL
déambulait, désoeuvré, entre les parois ocres du SIQ... canyon qui mène au Trésor de la cité Nabatéenne de Pétra en Jordanie...
Quelques semaines plus tôt Bush avait déclaré la guerre à l'Irak. Comme des moutons frileux les touristes occidentaux avaient oublié momentanément cette destination hautement prisée depuis que les écrans cinématographiques avaient levé le voile sur la cité oubliée aux confins de la Jordanie.
Moi aussi j'avais rêvé, comme beaucoup d'autres, d'aller un jour sur les traces d'Indiana Jones. Mais au moment où le Moyen-Orient vivait des heures troublées par l'intrusion des américains en Irak, je vivais à Dubaï. J'ai pensé que c'était le moment d'aller là où les autres n'iraient pas compte tenu des circonstances.
Alors ce matin là, très tôt pour éviter la grande chaleur, je me suis faufilée, ébahie, au creux du canyon tracé par l'ancien lit du Wadi Moussa. J'ai rencontré "l'unique" (ce que signifiait son nom en arabe) qui se sentait bien seul ! Habituellement des milliers de touristes arpentaient le long chemin sinueux creusé à l'à pic des hautes parois de grès rose. Habituellement il voyait passer près de 2 à 3000 visiteurs par jour... Aujourd'hui nous n'étions qu'une poignée de curieux, un peu surpris d'être "seuls" dans ce spectaculaire défilé, étrangement silencieux...
"L'unique" prit le temps de s'assoir, de poser son arme sur le sol, de croiser les jambes et de me parler. Gardien d'une cité légendaire désertée par ses habituels admirateurs, "l'unique" me parla de sa famille, me questionna sur la mienne, s'étonna que je sois à la fois maman d'une gazelle africaine et d'une sirène aux cheveux blonds.
Et comme lorsque l'on prend le temps de se parler vraiment, nous avons convenu l'un et l'autre que lui le Jordanien, moi la Française, nous n'étions pas si différents.
Il faudra que je pense à remercier Bush...