"La poésie ; c’est un des plus vrais, un des plus utiles surnoms de la vie."
(Jacques Prévert)
Aujourd'hui, journée de la poésie, chacun doit livrer aux regards des autres, un poème, un moment de poésie, comme un rayon de soleil supplémentaire dans ce monde de grisaille...
Je vous livre le mien, feuillet plié en quatre, retrouvé au détour d'une page de mon petit journal... Il n'a pas été écrit pour la circonstance, mais il pourrait l'avoir été car je crois que le rêve, l'amour et la poésie sont éternels, universels et indémodables...
AILLEURS
J'ai rêvé d'un ailleurs, inaccessible aux mièvres,
aux peureux, aux trop peu, aux vaincus, aux sans fièvre
qui vivent sans folies ou survivent sans rêves,
cimentés dans leur vie comme des arbres sans sève...
J'ai rêvé d'un ailleurs qui serait rouge et vert,
comme le sang qui bat, comme le fond des mers,
fécond de turbulences, aussi doux que l'enfer
des émotions fébriles et des coeurs à l'envers...
J'ai rêvé d'un ailleurs comme on rêve d'un fruit
pour étancher sa soif et redonner la vie,
comme on rêve d'amour pour apaiser l'envie
que font naîtrent les manques de toute une vie.
Ailleurs, ici ou là... plus loin, au bout du temps,
il y a quelque part un ailleurs qui m'attend
où la vie qui s'étire, lentement, nonchalante,
suffira à remplir mon espace, mon attente...
Un ailleurs idéal, un ailleurs fait pour moi
où mes traces de pas côtoieraient d'autres pas
sur le sable du temps, léché par le ressac
d'un tic-tac quotidien qui ne ferait plus loi...
Mais cet ailleurs, sans toi, serait beaucoup trop grand...
Je voudrais y aller,... je peux y renoncer
Si tu décides enfin de me laisser t'aimer
et voir dans ton regard le fond de l'océan.
Martine Réau-Gensollen
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Mon amie, Russalka a répondu à mon invitation d'écrire une poésie, et voici ce qu'elle m'envoie en réponse à mon poème, comme un écho....
Rêver d'ailleurs si doux
Que la peau des gazelles en donnerait idée.
Rêver de pays sages qui seraient gouvernés
Par des corneilles lentes et de savants hibous.
Il suffirait parfois de très, très peu de choses
Juste un petit déclic, un humble décalage
Pour goûter tout autant l'épine que ses roses
Et aimer le désert vide de ses mirages.
Rêver et communier avec le séquoia
Qui lance vers le ciel sa prière bleutée
Puis laisser s'écouler le temps entre les doigts
En contant tous les grains des heures étonnées.
J'ai l'impression d'être l'incandescence même
Chaque instant je me brûle, mais d'un feu si joyeux
Que même ton absence ou tes moments fiévreux
Ne m'empêcheront pas de te dire " je t'aime....."
La bulle qui me porte est celle de l'enfance
Elle gambade ici, elle buissonne là,
Au gré des vents amis remplis de l'indulgence
Que l'on a pour les fous ou les Esméraldas.
Du sang de mes ancêtres j'ai un naif amour
Des choses les plus simples et que l'on ne voit plus.
Le chant des fleurs qui poussent, l'air frais sur ma peau nue
L'oscillation troublante de la nuit et du jour.
J'aime croquer les mûres tout au long des chemins
Respirer la rivière et cajoler les bêtes
La Lune est mon amie, je me fais une fête
De chaque lendemain.
Mon Graal, je le cherche, sans jamais le trouver.
Peut-être est-il enfoui tout au fond de tes yeux ?
Toi que je ne connais ou ne fais que croiser,
Arrête-toi un peu.
Nous sommes au bord du vide.
Sauterons-nous tous deux?
C'est si joli, là-bas
Viviane Lamarlère (alias Russalka)
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J'aime ce qu'ils ont dit :
"La poésie c’est le chant intérieur."
(François René de Chateaubriand)
"Un enfant c’est le dernier poète d’un monde qui s’entête à vouloir devenir grand."
(Jacques Brel)