ELLE
Avait besoin de photos d’identité pour l’administration libyenne.
Elle avait été envoyée en mission à Tripoli pour quelques semaines… Finalement elle y resta deux ans. La boutique du photographe se trouvait dans une petite ruelle de la médina, derrière la place de la mosquée verte, celle qui explosa malencontreusement lorsque les religieux s’opposèrent à Khadafi à la fin des années 70…
Le photographe était un vieil homme imberbe qui lui parla d’une voix lente et douce comme on parle aux enfants… Dans un arabe débutant et maladroit elle lui expliqua son problème… Il ne répondit pas, tourna autour d’elle en la regardant de haut en bas puis finit par lui promettre les photos pour le lendemain.
Elle posa devant un appareil vétuste déclenché par une poire en caoutchouc et pour lequel il fallait à chaque prise changer de grosses et lourdes plaques… La séance dura quelques minutes, le vieil homme sembla satisfait…
Lorsqu’elle revint le lendemain, les photos étaient prêtes, le vieil homme les lui tendit mais, tenant toujours d’une main la pochette, il sembla hésiter devant un insoluble problème… Finalement il lui expliqua qu’il lui en faisait cadeau si elle acceptait qu’un agrandissement soit exposé dans sa devanture. C’était la première fois qu’il voyait une femme blonde !
Lorsqu’elle quitta Tripoli la photo était toujours en vitrine… elle fut très surprise 15 ans plus tard qu’un ami de passage en Libye lui signale qu’elle y était encore…
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